samedi 30 mai 2015

Guide des travailleurs qui veulent savoir l'essentiel, par M. Bret, en attendant que Philippe Gandillet leur explique le reste...


Souvent, des lecteurs ou des curieux de notre monde m'ont demandé de leur indiquer un livre traitant de questions de zoologie, d'hérédité, de philosophie, de politique ou de toute autre domaine qui ait mon agrément et auquel j'accorde du crédit. Un livre si important, en somme, qu'il pourrait servir de soubassement à leur existence, de havre de paix dans la tourmente des vents contraires, de port d'attache dans les moments de doute et d'abris bienveillant face aux vicissitudes de la vie…


C'est pour répondre à ces desiterata que je vous offre, aujourd'hui, le résultat de mes recherches. J'entends déjà murmurer quelques esprits critiques : On sent que cet homme est fatigué. La brillante causerie qu'il nous propose habituellement va en pâtir et cette dernière risque de ternir à jamais une réputation faite de succès d'estime. Quoi ? Un seul ouvrage pourrait, à lui seul, remplir les fonctions de tous les autres ? Tant d'écrivains auraient écrit pour rien en ignorant que l'essentiel était déjà dit ?


Encore que la littérature française soit assez pauvre en ouvrages incontournables – je mets à part mes ouvrages car il m'est difficile d'être juge et partie – elle en referme cependant quelques-uns d'excellents mais où l'examen critique du contenu montre qu'une place trop prépondérante de l'ouvrage est tournée vers les remerciements à l'éditeur, à l'accorte secrétaire ou à la famille aimante. J'ai cherché, au contraire, à réduire au minimum les discussions purement verbales, dont la plupart des auteurs abusent, en me concentrant sur un ouvrage qui regroupe des informations essentielles, en résumant des expériences importantes et des observations classiques de façon à ce que les conclusions pertinentes qui s'en dégagent illuminent d'une façon naturelle notre pensée.


Ce livre existe. Il est divisé en plusieurs parties qui résument des faits concrets et des évidences. Nul doute qu'un tel ouvrage laisse le choix et le libre arbitre au lecteur. Chacun des chapitres est accompagné d'illustrations réalisées, elles-aussi, par l'auteur : C'est que, accablé par l'insuffisance de ses confrères, l'auteur s'en est tenu à l'excellence en ne comptant que sur lui-même…


Il s'agit d'un petit guide des travailleurs, qui l'eut cru ? Exemplaire de travail, donc, remarquablement conservé dans sa présentation, de format adapté à votre poche, il sera l'ami qui vous soutiendra dans les moments de solitude si vous êtes du monde qui bosse, bien évidemment, si vous êtes un laborieux, un ouvrier, un salarié, un trimeur, un prolétaire de tous les pays, si vous êtes un damné de la terre, pour résumer. Illustré de schémas nombreux et commentés, il ravira votre œil et sera le fanal qui vous guidera vers le chemin de l'égalité des chances... 


Mon séjour estival en Provence approche à grands mois. Alors, je pourrai vous faire bénéficier de mon travail de plumitif du lundi… D'ici là, vous avez la lecture de l'ouvrage de M. Bret pour vous instruire ! Votre dévoué. Philippe Gandillet


BRET. Guide des travailleurs. Arles, sd (1851). Un volume in-12 (17,5/11cm). Broché à couverture d'attente bleutée. 64pp, IV. Nombreuses cartes dépliantes et schémas in et HT. Excellent état. 45 € + port

vendredi 29 mai 2015

L'amour avec un grand "M" comme Michelet....


Selon le préfacier de l'œuvre, Jules Lemaitre, Jules Michelet a écrit en 1858 L'amour parce que la France était malade, qu'on ne savait plus aimer, et que les statistiques des mariages et des naissances y étaient pitoyables…


Reste que la vision de l'amour de l'auteur est édulcorée. L'amour, selon Michelet, est l'amour qui aime. Et c'est pourquoi dans son livre, il ne mentionne même pas la jalousie des sens.  Aimer, c'est se donner plus que vouloir prendre ou retenir ; c'est se donner avec son cœur, son esprit et son âme. C'est se détacher du corps qui n'est que l'enveloppe et le signe…


On est loin de la vision de Stendhal ou de Balzac, celle de l'amour libertinage, de celle du "Grand amour", qui  rend idiot – ou méchant, qui mène au meurtre et au suicide - et qui ne serait qu'une forme détournée d'égoïsme, diront plus tard les psychologues de l'amour moderne.


Il faut dire que Michelet s'y connaissait en amour désintéressé ! Ce n'est pas trahir un secret d'état que de révéler (cela fut fait en 1951 quand on autorisa Gabriel Monot à publier une partie de son journal intime) que l'auteur vécu une histoire d'amour peu banale avec sa seconde épouse. Dressons le tableau :


Athénaïs Mialaret a près de trente ans de moins que son mari. Elle est intelligente, volontaire, et d'une frigidité à toute épreuve (sic). Mais ce qu'il faut comprendre avant tout, c'est que dans la vie du sévère historien, qui n'a jamais vraiment aimé sa première femme, Athénaïs apparait comme une illumination amoureuse qui va éclairer son univers romantique.


Et voici que commence un combat sans issue : Elle fait de lui ce qu'elle veut. Certains jours, croyant la perdre, il lui semble qu'il va proprement mourir d'amour, et il prend peur. D'autres fois, la joie le submerge, une joie inimaginable, ivre de sacrifice…


Lorsqu'un grand écrivain fait une expérience comme celle-là, nous sommes loin du ridicule d'un quinquagénaire amoureux. Athénaïs a aimé son mari, se refusant et se donnant tour à tour avec l'instinct infaillible des grandes amoureuses et des grandes prédatrices. Respectons donc cette histoire pathétique [qui est aussi un peu la notre] même si le mot de Maurras semble juste : " le cœur de Michelet se promut cerveau". L'hymne à l'amour que nous vous proposons aujourd'hui à la vente est un chant lyrique et poétique dédié à la grandeur des sentiments et à la perfection morale par l'amour. Autant de concepts indéfendables de nos jours, bien évidemment ! Pierre


MICHELET (Jules). L'amour. Paris, Calmann Lévy, éditeur, 1899. 1 volume petit in-8 (18,5/12). Demi-chagrin bleu roi à coins, plats bordés d'un double filet doré, dos à 5 nerfs, caissons dorés, gardes colorées, tranche supérieure dorée. Chiffres estampés à froid au coin supérieur du 1er plat. XXI, 464 pages. Très bel état général. 65 € + port

jeudi 28 mai 2015

Voyages dans les Alpes de Saussure. Une des premières éditions...


On verra, dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente, [c'est l'auteur qui le mentionne] que l'étude de la géologie n'est faite ni pour des paresseux ni pour des hommes sensuels, car la vie du géologue est partagée entre des voyages fatigans et périlleux, où l'on est privé de presque toutes les commodités de la vie, et des études variées et approfondies dans le cabinet.


Mais ce qui est plus rare encore, et peut-être plus nécessaire que le zèle qu'il faut pour surmonter ces obstacles, c'est un esprit exempt de préventions, passionné de la vérité seule, plutôt que du désir d'élever ou de renverser des systèmes, capable de descendre dans les détails indispensables pour l'exactitude et la certitude des observations, et de s'élever aux grandes vues et aux conceptions générales. Cependant il ne faut point que ces difficultés découragent ; il n'est aucun voyageur qui ne puisse faire quelque bonne observation et rapporter au moins une pierre digne d'entrer dans la construction de ce grand édifice.


En effet, on peut être utile sans atteindre à la perfection ; car je ne doute pas que, si l'on compare les voyages minéralogiques, même les plus estimés, et à plus forte raison ceux de l'auteur de cet ouvrage, l'on n'y trouve bien des vides, bien des observations imparfaites et même totalement oubliées ; mais j'en ai dit la raison dans l'introduction : d'ailleurs plusieurs de ces idées ne me sont venues que depuis que j'ai fait ces voyages, c'est pour cela que j'ai travaillé avec intérêt, dans l'espérance de mettre des jeunes gens, dès l'entrée de leur carrière, au point où je ne suis arrivé qu'après trente-six ans d'étude et de voyages…


Le Voyage dans les Alpes d’Horace-Bénédict de Saussure, paru en 4 volumes en 1779 à Neuchâtel et Genève, fut sans conteste le grand best-seller sur les Alpes pendant une cinquantaine d’années : en 1834, on en publie encore une édition, expurgée d’une bonne partie des remarques scientifiques désormais obsolètes. Je vous propose ici l'édition in-8 de 1980 de Neuchatel dans sa reliure d'époque.


Horace Bénédict de Saussure (1740-1799) fut professeur à l’Académie de Genève, fasciné par la montagne et le Mont-Blanc dès son plus jeune âge,  il réalisa la deuxième ascension de ce mont en 1787. Son œuvre est une sorte de somme scientifique, philosophique et ethnologique, tout autant qu’un récit d’aventures ; s’y mêlent expérimentation, observations diverses sur les plantes et les animaux, relevés de température, observations géologiques, remarques personnelles sur ses émotions, considérations esthétiques.


Ses 30 ans de pérégrinations dans la région du Mont-Blanc ont permis à Saussure de mieux comprendre le massif, les rapports entre les différentes chaînes de montagnes, leurs structures. La recherche permanente de la hauteur, qui soustend toutes ses excursions, c’est aussi la recherche d’un point absolu qui permettrait l’appréhension et donc la compréhension totale du massif et par-delà de la montagne en général.


Quant aux soins qu'exige la personne même du voyageur, il suffit d'un habit léger, de drap, sans doublure, blanc, de même que le chapeau, pour qu'il soit moins réchauffé par les rayons du soleil, avec des gilets, les uns frais pour les régions et les vallées chaudes, les autres chauds, pour les régions et les sommités froides; une bonne redingote; des lunettes vertes, et un crêpe noir pour les neiges et garantir les yeux et le visage de leur impression ; enfin, si l'on doit passer la nuit en plein air, une tente ou canonnière, une peau d'ours sur laquelle on se couche, et des couvertures de laine… Il faut aussi un bâton solide et léger: le mien, pour les Hautes-Alpes, est un planton bien sec de sapin, long de 7 pieds et de 18 lignes de diamètre par le bas, avec une forte pointe de fer assujettie par une virole…


On constatera à la lecture de cet ouvrage que Saussure est d'une honnêteté scientifique incroyable. Il avoue franchement ses doutes, il comprend ses limites, il est modeste, scrupuleux vis-à-vis des opinions des autres, il est généreux dans ses rares critiques, et il est certainement convaincu de ne pas avoir le monopole exclusif de la vérité… Un exemple à suivre ! Pierre


SAUSSURE (Horace-Bénédict de). Voyages dans les Alpes précédés d'un Essai sur l'Histoire naturelle des environs de Genève. En 4 volumes in-8 (20,5/13cm).  Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, caissons fleuronnés, tranches marbrées, gardes colorées. Tome 1 : A Neuchatel, chez Samuel Fauche, 1780. [2ff titre], xxiv, 367pp. 1 carte dépliante et deux planches dépliantes. Tome 2 : A Genève chez Barde, Manget et à Paris chez Buisson. 1786. 393pp. 5 planches dépliantes de planche III à planche 8. Tome 3 : A Genève chez Barde, Manget et à Paris chez Buisson. 1786. [2ff titre], iv, 411pp. 1 carte du mont Blanc dépliante, 2 planches dépliantes I et II + tableaux dépliants ou HT. Tome 4 : A Genève chez Barde, Manget et à Paris chez Buisson. 1786. [2ff titre], 484pp. 4 planches dépliantes III à VI + tableaux dépliants ou HT. Grande fraicheur intérieur et extérieure. Menus défauts de reliure. Vendu

mercredi 27 mai 2015

Lou tresor dou felibrige : Edition in folio du centenaire dans sa reliure éditeur....


Il a fallu quelques hommes, au milieu du 19eme siècle, pour donner à la langue provençale son dictionnaire et sa grammaire. Mistral en est l'auteur le plus connu, Prix Nobel de Littérature oblige… mais il a été accompagné en cela par d'autres pour faire naître ce fameux Dictionnaire du Félibrige !


Le Félibrige est une association littéraire fondée en 1854 par Frédéric Mistral et six autres poètes provençaux pour assurer la défense des cultures régionales traditionnelles et la sauvegarde de la langue d'oc [ Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan ]. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe. Le nom Félibrige est dérivé du mot félibre, terme remis à l'honneur par Mistral pour désigner un membre du Félibrige (une femme est appelée félibresse et il y en a beaucoup !). Le nom de félibre contient le mot libre qui signifie à la fois « livre » et « libre » en provençal, ce que l'on peut interpréter par l'esprit même du Félibrige : Acquérir la liberté au travers du livre...


Tout le monde dans le domaine occitan, utilise Lou Tresor dou Felibrige de Mistral, mais ce Tresor est loin de faire l'unanimité. Nul ne met nullement en question l’importance du travail que Mistral a fourni. Il suffit de se rappeler qu’il a travaillé presque seul là où, de nos jours, des équipes nombreuses se réuniraient pour faire un ouvrage comparable. Certes, il a pu utiliser les dictionnaires d’Honnorat (Dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne. Digne, 1848), mais à son époque, ces encyclopédies de la langue d’oc étaient perfectibles. En fait, Mistral a changé la graphie étymologisante d’Honorat conte celle phonologisante du Félibrige, due essentiellement à la conception qu’avait Roumanille de la langue, et il l'a régularisée.


Le monde occitan a regretté cette révision, car la graphie félibréenne est, on le sait, centrée sur les parlers de la Provence rhodanienne ce qui ne facilite pas l’application de cette révision orthographiques aux autres variétés occitanes. De là, un siècle de querelles orthographiques qui n’ont guère contribué au succès du mouvement régionaliste. 


Il convient néanmoins de dire que l’emploi pratique que fait Mistral de son système est incomparablement plus cohérent que celui qu’Honnorat avait fait du sien. De plus, Mistral s’est appuyé sur de nombreux correspondants qu’il avait dans tout le pays d’oc. Cela lui a permis d’augmenter considérablement le nombre des entrées et d’enrichir la valeur sémantique de beaucoup d’articles. Si Mistral avait cette source importante c'était essentiellement par souci encyclopédique car le Trésor n’est pas uniquement un dictionnaire… 


L'édition que je vous propose à la vente est la première réédition à l'identique (in folio) faite par la Librairie Delagrave en 1932. Elle est présentée dans sa reliure éditeur en très bel état. J'ai constaté, chez un confrère, que la différence de couleur du cuir des dos des deux tomes était chose apparemment normale. Effet du temps ou erreur de fournisseur ? Pierre


MISTRAL (Frédéric). Lou tresor dou felibrige ou dictionnaire provençal-français (2 tomes ) embrassant les divers dialectes de la langue d oc moderne édition du centenaire avec documentation iconographique mistralienne. Paris, Delagrave 1932. 2 forts volumes in folio. Reliure demi-chagrin bleu marine, dos à faux nerfs ornés de caissons de filets dorés, compositions originales à froid, soleils, cigales et rameaux d'olivier, plats de percaline chagrinée bleue avec filets d'encadrement à froid, tranches finement mouchetées, couvertures ornées des armes en couleurs de la Provence conservées. 1196 et 1165 pages. Il s'agit ici de l'édition du centenaire sous la direction de V. Tuby, président de l'Académie Provençale. 480 € + port

mardi 26 mai 2015

Rivarol, sa vie et ses œuvres par Léonce Curnier.


Quel drôle de prénom que Léonce ! Je ne sais pas si cela reviendra un jour à la mode… Toujours est-il que c'est un Léonce Curnier ancien député, receveur général du Gard, qui est l'auteur de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente. Lauréat d'un concours organisé sur le récit de la vie et l'appréciation des œuvres de Rivarol, nul doute que la publication de ce vainqueur, retenue par la fine-fleur de l'intelligentsia gardoise, ne soit digne du plus grand intérêt.


Pourquoi Rivarol d'ailleurs ? Mais parce que Rivarol est presque Nîmois puisque né à Bagnol sur Cèze en 1753. Antoine, dit le comte de Rivarol, est surtout connu aujourd’hui pour son opposition farouche à la Révolution qui le contraignit à l’exil, et pour son esprit léger, caustique, brillant qui fit de lui une gloire des salons européens. Il avait fait de l’art de la parole une arme redoutée, dont le violent pamphlet Le chou et le navet (1782), dirigé contre le poème Les Jardins de l’abbé Delille offre un bel exemple.


Mais ce qui valut à Rivarol une immense notoriété, c’est surtout son "Discours sur l’universalité de la langue française", publié en 1784. Ce texte, qui répondait à trois questions posées par l’Académie royale des Sciences et Belles Lettres de Berlin, ( Qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle? Pourquoi mérite-t-elle cette prérogative? Est-il à présumer qu’elle la conserve?) offre une remarquable synthèse des idées répandues à l’époque sur la langue française et le langage en général.


En cela, il constitue une archive importante. On voit notamment comment linguistique et politique sont liés, dans une réflexion où la théorie et l’idéologie se trouvent intimement mêlées. Ainsi, la notion de «génie» des langues, qui joue ici un rôle important dans la promotion de la langue française comme langue universelle, se révèle un adjuvant de poids dans une opération politique où l’Allemagne et la France nouent une alliance objective contre la montée de l’anglais en tant que langue internationale… Cause perdue me direz-vous ! Je vous propose aujourd'hui une excellente étude sur la vie et les œuvres de Rivarol. De l'esprit, de l'analyse Malheureusement, ce n'est pas avec l'esprit qu'on terrorise les terroristes… Pierre


CURNIER, Léonce. Rivarol, sa vie et ses œuvres. Nîmes, Imprimerie Ballivet, 1858. 1 volume petit in-8 (18/13cm). Reliure demi-chagrin tabac, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes colorées, tranches mouchetées. 333 pages. Ouvrage couronné par l'Académie du Gard, dans sa séance publique du 28 Août 1868. Vendu